beandeau>

Résumés du vendredi 21/11

Retrouvez ici les résumés des interventions du vendredi 21 nevembre.

Afin de respecter les souhaits des intervenants de voir publiées ou non leurs interventions, certaines prises de paroles ne figurent pas sur notre site.

 

Conférence - 9h00-10h00

 

  • Violaine APPEL et Delphine LE NOZACH - Le mise en récit du territoire filmique : raconter les forêts du Grand Est

Résumé : Notre intervention se propose de mettre en évidence et d’analyser le placement territorial des forêts du Grand Est dans quelques longs-métrages de fiction sortis en salle (de 1960 à aujourd’hui), tout en interrogeant cette narration au regard de plusieurs vidéos promotionnelles produites par la Région Grand Est en 2024, notamment le clip « c’est quiiii ? La Région Grand Est ! ».

Il s’agit de mener une étude contrastive des images filmiques des forêts avant d’appréhender et de caractériser plus précisément les grandes thématiques de la forêt au cinéma. Car, au-delà de l’évidence de tourner sur un territoire choisi, les réalisateurs confèrent aux lieux « forêt » des rôles pluriels dans leurs films : intégration dans le scénario, caractérisation de l’identité des personnages, contextualisation de l’action, tonalité esthétique, etc. Ces différentes facettes cinématographiques des forêts du Grand Est, associées à celles développées par la région dans sa stratégie de marketing, montrent combien cette dimension territoriale, prégnante et identitaire, fait partie de notre patrimoine et peut contribuer à son attractivité culturelle, touristique et économique.

Mots clés : Territoire, placement territorial, cinéma, forêts, communication publique

Violaine APPEL et Delphine LE NOZACH sont enseignantes-chercheures à l’Université de Lorraine [Centre de recherche sur les médiations (UR 3476), IUT Nancy-Charlemagne]. Elles travaillent actuellement sur les processus de construction d’une identité filmique territoriale. 

 

 Visuel APPEL & LE NOZACH

 

Table 4 - Evènementiel et imaginaire collectif - 10h00-10h50

(modération par Jean-Philippe HEBERLE)

 

  • Alice SOHIER - La transformation des représentations des territoires grâce aux évènements : le passage de la flamme olympique

Résumé : En amont des JOP de Paris 2024, de nombreux territoires français ont accueilli le passage de la flamme (CARTE. Paris 2024 : visualisez le parcours du relais de la flamme olympique en France jusqu'au 26 juillet). Notre étude s’intéresse à la réception des citoyens à l’égard de cet événement.

Notre ancrage théorique, notamment en marketing via les Event Studies (Getz et Page, 2020 ; Robertson et al., 2018) et en géographie nous amène à nous demander comment les événements modifient la vision qu’ont les habitants de leurs territoires (Richards et Wilson, 2004), et si de nouveaux récits de territoires peuvent émerger.

Notre recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative – des observations participantes et des interviews de spectateurs (3 thèmes : leur venue, l’événement, et le territoire d’accueil) réalisées lors du passage de la flamme olympique au Havre le 5 juillet 2024.

Nos résultats tendent à montrer que les différents événements proposés dans la ville du Havre permettent un changement d’image du territoire pour les participants (Teillet, 2019) et que cette stratégie de ville évènementielle (Richards et Palmer, 2012) ou festivalisation (Négrier, 2014) porte ses fruits et améliore la représentation que les habitants se font de leur ville. Le passage de la flamme semble être un nouvel élément à ajouter aux précédentes actions culturelles telles que les 500 ans du Havre qui ont permis de transformer l’image de la ville aux yeux de ses habitants et de faire évoluer leurs discours. Reste à savoir si un nouveau récit de territoire pourra voir le jour dans le futur et si cet événementiel participera à la production d’un imaginaire collectif et urbain qui s’inscrira dans le temps long.

Mots clés : Territoire, événement, représentation, récit, imaginaire.

 
  • Antonin VAN DER STRAETEN - Le Tour de France, une marque, un outil d’idéalisation des lieux

Résumé : Le Tour de France met en scène le sport dans les territoires où l’événement est approprié à des fins de développement territorial, notamment grâce à la production d’ « images territoriales » (C. Raffestin, 1980) : Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur, et les collectivités œuvrent pour montrer une France idéale aux millions de téléspectateurs quotidiens, et ainsi mettre en valeur les différents sites visités par la course, et de manière toujours plus marquée dans les territoires ruraux et de montagne (A. van der Straeten, 2020), où les lieux peuvent être mis en marge des zones de pouvoir. À cet égard, il est intéressant de se pencher sur la manière dont ASO et les collectivités mettent en avant les différents sites du Tour de France, que ce soit par la répétition de l’accueil pour inventer la tradition (E. Hobsbawm & T. Ranger, 1983) ou par une forme de capitalisation de l’événement sur la durée, notamment du point de vue touristique : en d’autres termes, comment des lieux parfois vu comme éloignés (cols routiers, hautes vallées, territoires hyper ruraux) ou en déprise importante (Planche des Belles Filles) sont devenus des hauts-lieux (J. Bonnemaison, 1981) d’un événement sportif mondialement diffusé ? La mise en évidence de ces lieux ne se limite pas à la France, en témoigne la forte propension d’ASO à faire partir son épreuve de pays frontaliers, voire d’encore plus loin (Danemark, Écosse), et à l’organisation d’épreuves de masse estampillées Tour de France dans de très nombreux pays. Marque mondialisée, le Tour de France est-il finalement simplement une épreuve sportive ou bien un objet de soft power assumé ?

Mots-clefs : Tour de France, hauts-lieux, soft power, développement territorial, événement mondialisé

 

Table 5 - Récits identitaires et fictions territoriales - 11h20-12h35

(modération par Deirdre GILFEDDER-DOYLE)

 

  • Victor FAINGNAERT Conflictualités territoriales dans les séries télévisées. Raconter le Royaume-Uni dans Downton Abbey et Peaky Blinders

Résumé : Le Royaume-Uni, pays de quatre nations, n’a de cesse de s’interroger sur lui-même et sur la possibilité d’une « civilisation » ou, à défaut, d’une « singularité » britannique. Qu’ont en commun les Britanniques ? Comment les différentes identités nationales, englishnesswelshnessscottishness et irishness – termes sans équivalents français mais signifiant le caractère culturel et identitaire des quatre nationalités constitutives du Royaume-Uni (Souvent, le terme « régional » est utilisé par commodité par les observateurs étrangers au Royaume-Uni, puisque sa particularité d’être un pays composé de quatre nations n’a pas d’équivalent et rend difficile la transposition à des réalités administratives connues. Le terme de national est privilégié car les régions restent des unités administratives au sein des différentes nations constitutives du Royaume-Uni et sont également abordées.) –, s’articulent-elles ? Existe-t-il, tout simplement, un sentiment d’appartenance à une communauté britannique ? Les Britanniques sont particulièrement conscients du rôle primordial des représentations dans la cohésion nationale et la formation d’une culture commune puisque, dès ses origines, la BBC, puis les autres chaînes de télévision, ont toujours eu pour mission de dépeindre la diversité (géographique, régionale, nationale et communautaire) du Royaume-Uni.

Deux séries, Downton Abbey (Julian Fellowes [showrunner], Peaky Blinders, ITV, 2010-2015.) et Peaky Blinders (Steven Knight [showrunner], Downton Abbey, BBC, 2013-2022.), occuperont le cœur de cette communication. La première, incarnation du heritage drama, se déroule dans une country house du Yorkshire, la seconde proche d’une histoire populaire du pays, se situe dans un quartier ouvrier de Birmingham. Elles s’inscrivent ainsi dans une longue tradition de représentations et de genres fictionnels, ainsi que dans une conflictualité politique, sociale et culturelle de l’appréhension territoriale britannique (Alan Reginald Harold Baker et Mark Bilinge (dirs.), Geographies of England: The North-South Divide, Material and Imagined, Cambridge, Cambridge University Press, 2004 ; Mark Bailoni et Corinne Nativel « Revisiting the UK’s North-South Divide; The Changing Face of the North », numéro XXV-2, de la Revue Française de civilisation britannique, 2020.). Pour autant, si tout semble les opposer, elles apparaissent comme des opérateurs promotionnels du pays particulièrement efficaces. Les deux séries sont en effet au cœur d’une nébuleuse d’acteurs plus ou moins institutionnels œuvrant autour de ces fictions et cherchant à promouvoir les territoires nationaux (collectivités territoriales, municipalités, studios de production, propriétaires des lieux, ou encore organisation patrimoniale citoyenne (National Trust), etc..). Elles sont également accompagnées par un immense ensemble de dispositifs promotionnels allant de nuit sponsorisée par Airbnb dans le manoir de Highclere (où est tournée Downton Abbey) à différents festivals locaux dans les Midlands à l’occasion de diffusions des saisons de Peaky Blinders, en passant par des tourspermettant de se rendre sur un ensemble des lieux de tournages (« Visit Peaky Blinders filming locations », visitbritain, https://www.visitbritain.com/en/things-to-do/visit-peaky-blinders-filming-locations ; « Visit Downton Abbey filming locations in Britain », visitbritain,  https://www.visitbritain.com/en/things-to-do/visit-downton-abbey-filming-locations-britain, 2025.).

Cette communication abordera ainsi les conflits de représentations du Royaume-Uni, ainsi la narration territoriale mise en place dans ces séries télévisées et les différents acteurs en bénéficiant.

Mots clés : Séries télévisées ; Royaume-Uni ; Tourisme ; Divisions territoriales ; nationalismes

 

  • Jean-Noël VOGRIG - La structuration des imaginaires dans les discours numériques de promotion touristique

Résumé : La notion d’identité territoriale est particulièrement centrale dans la communication touristique, puisqu’elle constitue un marqueur différenciant mettant en lumière la singularité d’un territoire.

Si l’on considère que les quatre cinquièmes (CÉLISSE, Didier, 2020. E-tourisme et territoires : le numérique s’invite au voyage. Caisse des dépôts. Disponible sur : https://www.caissedesdepots.fr/blog/article/e-tourisme-et-territoires-le-numerique-sinvite-au-voyage (consulté le 17/07/24)) des touristes préparent aujourd’hui leur voyage en ligne, il est particulièrement pertinent de s’intéresser aux stratégies discursives que les rédacteurs des sites web touristiques institutionnels privilégient pour transformer les destinations touristiques en objets de désir.

Il convient tout d’abord de ressaisir ces sites web en termes de discours et d’inscrire leur étude dans le champ de l’analyse de discours de tradition française, marquée par une réflexion sur le sens des énoncés en rapport avec le contexte de production. Afin d’analyser le façonnage de l’identité d’un territoire, nous étudierons la façon dont les discours numériques de promotion touristique structurent les imaginaires dans l’établissement d’un lien entre la destination touristique et le touriste potentiel, dans la construction de l’identité de la destination par la transmission de savoirs, et dans la création de scénographies.

Nous nous appuierons sur un double corpus propice à une approche complétive, regroupant des contenus de sites web de deux destinations de nature, de culture et de langue différentes, aux images presque opposées, et dont les organismes de promotion touristique disposent de moyens financiers et humains peu comparables : l’Irlande et la Lorraine (CÉLISSE, Didier, 2020. E-tourisme et territoires : le numérique s’invite au voyage. Caisse des dépôts. Disponible sur : https://www.caissedesdepots.fr/blog/article/e-tourisme-et-territoires-le-numerique-sinvite-au-voyage (consulté le 17/07/24)).

Le choix de ces deux territoires nous permettra également de constater que les discours touristiques peuvent grandement participer à la transformation des savoirs, par exemple lorsqu’ils évoquent l’identité « celtique » de l’Irlande, mais aussi à l’effacement des savoirs, lorsqu’ils occultent des héritages constitutifs de l’identité lorraine.

 

Mots-clés : tourisme, discours numériques, discours promotionnels, Irlande, Lorraine

  

Table 6 – Identités passées / Identités futures - 14h-15h40

(modération par Sébastien LIARTE)

 

  • Pierre-François MARCHIANI - Le territoire Corse : entre refus de la modernité et récit de la ruralité

Résumé : Tout au long du XXème siècle le territoire Corse connait un véritablement chamboulement. En effet, les communautés rurales de l’intérieur de l’île se délitent et nous constatons un glissement des populations vers les centres urbains du littoral. Le changement n’est pas uniquement géographique mais impacte également la manière de vivre. Nous constatons ainsi le passage d’une société agro-pastorale rurale à une société tertiarisé polarisée dans les villes du littoral. Cette évolution, bien qu’indéniable, semble toutefois être refusée par la majorité de la population insulaire. Se développe ainsi un véritable récit de l’identité Corse indissociable d’un milieu montagnard et rural. Par le prisme de ce récit le territoire insulaire semble immuable, statique, hors du temps. Paradoxalement, l’abandon progressif de ce territoire renforce sa force symbolique et vient alimenter le récit identitaire qui parait refuser la modernité. De cette manière nous verrons que la société corse connait une réification de certains éléments, notamment le village vu comme un temple du passé, une image de la société corse par excellence. Touchée par la société de consommation comme tout le monde occidental de nombreuses « marchandises émotionnelles », allant du pick-up au bleu de travail, ont comme fonction de relier l’homme à ce territoire rural et sa manière de vivre. L’objectif de cette communication est donc de nous interroger sur la manière dont ce discours sur le territoire rural est porté dans une société qui n’est plus concernée par celle-ci.

 

Mots clé : Corse, récit, ruralité, identité

  

  • Fadia-Ahlem BENNACER - L'habitat traditionnel comme marqueur identitaire des territoires ruraux : le cas de Nasbinals

Résumé : L'architecture traditionnelle constitue un marqueur fondamental de l'identité territoriale, particulièrement dans les milieux ruraux. En effet, la ruralité contemporaine se définit désormais par le sentiment d'appartenance des habitants et leurs représentations de l'espace. L'analyse s'appuie sur le cas du village de Nasbinals en Lozère afin d'illustrer le lien entre les spécificités architecturales et les modes de vie et d’habiter locaux, démontrant comment le bâti devient porteur d'identité et de mémoire collective. Ce patrimoine architectural se trouve aujourd'hui menacé par la périurbanisation du paysage rural et la prolifération du modèle pavillonnaire comme nouveau standard décontextualisé.

La méthodologie développée s'appuie sur des représentations graphiques pédagogiques pour valoriser les savoir-faire et pratiques architecturales vernaculaires. Ces outils de médiation accessibles facilitent la transmission d'enjeux complexes tant auprès du grand public que des institutions, indépendamment de leur niveau d'expertise. Cette démarche contribue à une sensibilisation significative à la valeur culturelle de l'architecture locale.

L’étude vise à formuler des recommandations opérationnelles pour préserver ce patrimoine, tant par sa conservation que par son intégration adaptative dans les conceptions architecturales contemporaines. L'enjeu fondamental réside dans le maintien des spécificités régionales face aux tendances d'uniformisation qui transforment les paysages et fragilisent l'identité locale. Cette démarche de recherche-projet s'inscrit dans une perspective plus large de développement territorial durable, où l'architecture traditionnelle devient simultanément héritage à préserver et levier d'innovation à mobiliser dans les aménagements futurs.

Mots clés : Architecture vernaculaire, Mode d’habiter, Ruralité, Médiation Thématiques de recherche : Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire, Policy transfer 

  

  • Valentine ERNE-HEINTZ - Identité et proximité : que reste-t-il de l’identité nucléaire après le démantèlement d’une centrale ? Le cas de Fessenheim

Résumé : Cette contribution propose de questionner l’identité territoriale et sa représentation par les habitants en prenant appui sur le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim (France). L’objectif est de sonder le caractère singulier de cette identité territoriale afin de comprendre, si pour les habitants, celle-ci constitue un obstacle ou un facilitateur pour se projeter, via leurs pratiques quotidiennes, dans une autre histoire (qu’elle soit, ou non, industrielle), à reconstruire une nouvelle identité.

 Nous nous appuierons sur les résultats d’une étude de terrain qui vise à faire révéler la place du nucléaire dans les discours des habitants. Nous déployons une approche novatrice, la méthode ZADA, Zonage A Dires d’Acteurs ou Perception-based regional mapping – PBRM. Cette méthode quantitative explore le caractère multiple du paysage tel qu’il est vécu afin de faire apparaître les représentations spontanées du territoire et de comprendre comment des citoyens y définissent les enjeux. La méthode informe sur la façon d’habiter le territoire, sur les lieux fréquentés et s’inscrit dans la proximité. L’objectif de ce travail est de faire révéler les représentations habitantes, d’évaluer la perception des grandes dynamiques à l’œuvre dans l’écosystème spatial impacté par la fermeture du site pour savoir si de nouvelles proximités se nouent. Interroger cet attachement à l’identité nucléaire est aussi une manière d’interroger sur la transition territoriale. Faire changer l’identité d’un territoire, c’est aussi donner de la visibilité aux représentations que les habitants se font de lui.

 Mots clés : identité, transition, ZADA, nucléaire, territoire, enquête

  

  • David JUILIEN - Raffermir l’unité territoriale par la création d’une marque : le cas du « Grand Canyon de Nujiang »

Résumé : Du début du XXe siècle à aujourd’hui, l’identité de la vallée du fleuve Nu s’est construite sur plusieurs couches, sédimentaires, de récits. Les premiers explorateurs français relatent les dangers de cette région montagneuse, tandis que les légendes locales narrent les tensions inter-ethniques qui structurent son passé. Espace de transition entre la Chine et la Birmanie, Nujiang a également été un lieu d’évangélisation. La religion chrétienne demeure l’une de ses sources distinctives d’identité. Ainsi, cette vallée longtemps restée aux marges des dynamiques nationales est considérée depuis les années 1980 comme un « bastion » de la pauvreté profonde. Pour mieux intégrer cette vallée au territoire national, les acteurs étatiques, du niveau national au plus local, collaborent pour restructurer et redéfinir la trajectoire contemporaine de cette vallée, dans une dynamique à la fois matérielle et discursive. Sous la marque territoriale « Grand Canyon de Nujiang », les affres du passé sont reconditionnées pour des raisons tant d’unité politique que d’émancipation économique des aides de l’État.

Ce faisant, notre propos se fonde sur la notion de marque territoriale, en tant qu’elle puisse faire vivre et réinventer une société, comme le propose Joël Gayet (Meyronin 2015). Il s’inscrit dans les interrogations identitaires qu’ouvrent les stratégies de branding territorial dans les espaces jusque-là en marge, comme ce fut le cas dans la ville de Shangri-La (Yunnan) pour le tourisme (Hillman 2010). En fonction de la structure politique chinoise et des relations État-société qui y sont possibles (Tsai 2021, Juilien 2024), dans le cadre d’un État en développement, notre argument est que la géographie politique du branding territorial n’y pose pas la question d’une co-construction avec les habitants comme on peut l’envisager en France (Alaux et al. 2015), mais plutôt de l’appropriation progressive, ex post, de cette nouvelle marque. Ainsi, sur la base de données qualitatives de terrain, croisées par l’étude de la littérature grise, cette communication propose ainsi de mettre en parallèle le récit construit par les autorités avec l’appropriation faites par les habitants.

Mots-clés : Marque territoriale ; Restructuration territoriale ; Chine ; Tourisme ; Relations État-société

  

Table 7 – Localisme des marques - 16h10-17h50

(modération par Vanessa BOULLET)

 

  • Arnaud SALLERIN - Sémiotique du logo et ancrage territorial : apports d'une analyse de contenu

Résumé : L’identité visuelle d’une marque repose sur des choix graphiques stratégiques, parmi lesquels le logo occupe une place prépondérante. Pourtant, dans un contexte où les marques cherchent à affirmer leur ancrage territorial, la manière dont il se traduit visuellement demeure peu explorée.

Nous tenterons d'interroger ici l’influence des caractéristiques de design essentielles du logo sur la perception du lien entre une marque et son territoire. Comme le souligne Tabarly (2023), l’identité territoriale repose sur des dimensions objectives, telles que les éléments géographiques et historiques, mais aussi subjectives, liées au sentiment d’appartenance. Dans cette perspective, Albertini, Berini et Luisi (2017) rappellent que l’image d’un territoire se construit par la mobilisation de marqueurs visuels spécifiques, notamment les logos.

L’objectif est double : d’une part, identifier les pratiques managériales et les fondements sémiotiques à l’œuvre dans la création des logos, en lien avec leur territoire d’origine ; d’autre part, proposer des recommandations aux marques souhaitant renforcer leur ancrage territorial par leur identité visuelle.

Nous explorerons comment des éléments de la Corporate Visual Identity comme la couleur et la typographie d'un logo peuvent rattacher une marque à un territoire (Melewar et Saunders, 1999). En effet, Labrecque et Milne (2012) démontrent que les couleurs véhiculent des significations influençant la perception des marques, tandis que Kim et Lim (2019) soulignent l’impact de la typographie sur plusieurs perceptions des consommateurs.

Cette réflexion s’inscrit dans une approche interdisciplinaire croisant marketing, sémiotique et design, visant à enrichir la compréhension du rôle du logo dans la construction des imaginaires territoriaux des marques (Foroudi, Melewar et Gupta, 2017 ; Gollain, 2022).

Mots-clés : logo, marque, territoire, sémiotique, contenu

 

  • Aleksandra WOJDA - Le discours territorial de Chopin vodka : une transition mise en récit ?

Résumé : Succès majeur du marketing polonais des trois dernières décennies, le cas de la vodka Chopin s’avère représentatif des transformations profondes des récits territoriaux qui s’opèrent dans le paysage socio-économique centre-européen après 1989. S’appuyant sur deux des trois marqueurs associés à la Pologne depuis les années 90 du siècle dernier (« Chopin, vodka, Jean-Paul II »), le récit de la marque soulève un défi majeur qui consiste à rapprocher deux objets aux connotations a priori incompatibles : le nom d’un compositeur classique de renom et celui d’un alcool dont la mauvaise réputation a longtemps pesé sur son image. Ma communication aura pour objet de monter comment le récit proposé par le producteur de Chopin vodka (POLMOS) réutilise et réoriente quelques topoi spécifiques de narrations identitaires territoriales existantes pour opérer leur fusion aussi paradoxale que rhétoriquement pertinente pour ses destinataires. Fort de ses outils intermédiaux et efficace dans la conquête des nouveaux publics émergeant, après la chute du mur de Berlin, des deux côtés de l’ancien « rideau de fer », ce nouveau récit peut être considéré comme significatif, voire représentatif des réorientations socio-économiques, identitaires et discursives qui résultent de la transition démocratique dans l’aire culturelle centre-européenne.

Mots-clés : Chopin, vodka, Europe-centrale, transition démocratique

 

  • Loïc COMINO, Émilie DELAFOSSE & Claire McKEOWN - Appréhender la dynamique territoriale des marques : le cas de la craft beer

Résumé : L’ancrage territorial constitue un élément central dans la stratégie marketing de nombreuses marques du secteur agro-alimentaire (Cruz et al., 2022). Si ce parti pris s’explique entre autre par le lien fondamental qui unit les produits avec leur territoire d’origine, il peut également être motivé par l’idée de charger symboliquement les offres en leur associant des significations morales, authentiques, etc. (Cruz et al., 2022).

En pratique, cela donne à voir des marques qui, bien souvent, adoptent une approche figée en se limitant à mettre en récit leur lieu de production (réel ou fictif) et/ou le territoire qui les accueille. Partant de ce constat, nous défendons l’idée selon laquelle la place-based identity des marques se caractérise par des lieux, des territoires mais également par des flux.

L’analyse du storytelling (e.g. Mills & Robson, 2019 ; Dufour, 2021) diffusé par les marques de craft beer (Holtkamp et al., 2016 ; Thurnell-Read, 2018 ; Taylors Jr & Di Pietro, 2020 ; Ikäheimo, 2021) issues de trois aires géographiques distinctes (Espagne, Écosse et France) sur leurs sites officiels nous permet d’identifier des éléments qui vont dans ce sens en insufflant une dynamique à la dimension territoriale de l’identité de marque.

Parmi ces éléments, plusieurs motifs narratifs récurrents émergent au sein de notre corpus : la trajectoire du ou des fondateurs, le retour au lieu d’origine après un « voyage initiatique » de formation brassicole, le nomadisme qui peut caractériser la professionnalisation de cette activité, la relocalisation du lieu de production, l’« import » de ressources (humaines, matérielles, etc.) nécessaires à l’activité de brassage.

Présents de façon plus ou moins marquée et selon des modalités diverses en fonction des aires géographiques étudiées, ces motifs tendent à corroborer l’idée selon laquelle la place-based identity des marques est moins figée qu’il n’y parait. Ils nous invitent à explorer la dialectique entre ancrage et mouvement au cœur des récits portés par les marques.

Mots-clés : craft beerbrand storytelling, ancrage territorial, territoire, dynamique, récit.

 

Nous remercions chacun des intervenants pour leur particiption !

Chargement... Chargement...